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5 janv. 2017

'Past in present'

16 choses apprises en 2016


Piran, Italie


Je vous souhaite à toutes et à tous une année excitante, pétillante et dégoulinante de bonheur. Que 2017 soit une de ces années dont vous vous souviendrez toute votre vie, que vous raconterez à vos petits enfants et qui vous permettra de croire en la beauté du monde.


Voilà un article qui était dans mes brouillons depuis début décembre et que je viens tout juste de retrouver. J'avais prévu de le poster à la fin du mois, oops. Même si une fois le 31 décembre passé, on a tendance à oublier l'année précédente et à vivre dans l'espoir d'une belle et heureuse année à venir plutôt que dans la nostalgie, je publie tout de même cet article car il me fait sourire et qu'il est toujours important de tirer des leçons de ses expériences. Faisons en sorte d'apprendre de nos erreurs, de nos échecs et des obstacles de 2016 pour faire en sorte que 2017 soit la plus belle année de notre vie. Rembobinons la cassette et analysons 16 leçons apprises grâce à 2016.



1. Le sexisme et le harcèlement de rue sont des problèmes essentiellement français, et pas si universels que l'on pourrait le croire.
Jamais mes amies ou moi ne nous sommes faites abordées ni sifflées, regardées ou insultées dans la dizaine de pays que nous avons visité en Europe de l'Est. Jamais. A mon retour à Paris, monter dans le RER a été pire que choquant. Une révélation. Une grosse claque. Bilan de mes autres amies partis à Londres, en Russie, en Italie ou en Norvège : elles non plus n'ont jamais été harcelées pendant leur période passée à l'étranger. 


2. Mon prénom est absolument imprononçable pour n'importe quelle nationalité. 
Yudgéni, Ujine, Oujéna.... Même les français tendent à m'appeler "Eugènie" alors que bon sang, c'est un ACCENT AIGU. Eu-gé-nie. Merde.

3. L'inconnu ne me fait pas peur, la routine si.

4. Un tatouage, ça ne fait pas mal du tout.
Du moins, pas sur le bras.

5. Les seules barrières qui se présentent devant nous sont celles que l'on s'impose.
N'importe quel idiot est capable de présider la plus grande puissance mondiale, pourquoi pas nous?

6. Il n'y a pas que le Royaume-Uni et l'Irlande qui sont fans de thé.
Les turcs en sont également des fans inconditionnels.

7. Je ne serai jamais une grande lectrice.
Je n'arrive pas à me mettre à la lecture. Je commence un livre, je suis à fond, je le transporte partout avec moi et le lis dès que j'ai le temps... Puis je n'ai plus le temps, je le laisse de coté et je l'oublie. Ensuite je le retrouve, je le reprends (mais j'ai oublié la moitié de l'histoire depuis), je suis à fond pendant 2 jours, je le laisse de coté.... et ainsi de suite.


8. C'est officiel , je suis désormais totalement incapable d'avoir une conversation en Allemand.
Des mots par ci par là ressortent, je comprends lorsqu'on me parle lentement et avec un vocabulaire simple, mais dès que j'essaie de construire une phrase, c'est l'Anglais qui jaillis. Scheiße, j'avais un si bon niveau à la sortie du lycée... 

9. Un malheur n'arrive jamais seul.
Problème de CAF, inondation, mère dans le plâtre, prélèvement incohérent, partiels blancs ratés... tout ça en quelques jours.

10. On retrouve des bretons partout.
De ma coloc en Hongrie à des jeunes rencontrés bourrée à Ljubljana, en passant par un boulanger en Albanie et un voisin de bus en Italie.

11. Les résolutions sont conçues pour ne pas être pleinement réalisées.
Quand je relis mon article résolutions 2016, j'ai envie de dire "oops..." (my mind?)

12. La liqueur à 45 degré ce n'est pas si fort que ça. 
Je suis passée de "oh mon dieu ma gorge va se décomposer, plus jamais ça" à "un troisième shot, s'il vous plaît!" Palinka <3

13. Reproduire l'émission 'Les Recettes Pompettes', c'est possible. 
Et c'est très drôle. 

14. Ce n'est pas grave de ne pas savoir quoi faire de sa vie à 21 ans. 
Du moment que l'on ne fait pas rien et que notre indécision ne nous empêche pas d'essayer.

15. L'eau gazeuse, ce n'est pas si dégueu que ça finalement.

16. Les français n'ont pas tout les défauts du monde mais le monde semble moins fucked up loin des français.



Et vous, qu'est-ce que 2016 vous a appris?

21 nov. 2016

'Battles'

 Film Review - Moi, Daniel Blake


Cette semaine on va parler cinéma ! J'avais très envie de partager avec vous de l'un des derniers films que j'ai été voir. Etant particulièrement intéressée par la culture anglaise d'un côté et par les films réalistes racontant l'histoire de personnes authentiques tout en transmettant un message humaniste de l'autre, il était logique que je prenne le temps d'aller voir le film Moi, Daniel Blake. Et je peux vous assurer que je n'ai pas été déçue.


  • Synopsis

Il faut tout d'abord savoir que des décisions du parti des Tories (parti conservateur, opposé au Whigs) ont permis la privatisation et la délocalisation des activités sociales de l’État britannique. Ainsi, les règles sociales imposées par le gouvernement sont mises en application par des salariés privés, gouvernés donc par une politique du chiffre et ayant des objectifs prédéfinis à atteindre. Ce qui, vous l'imaginez, a bouleversé la gestion sociale du pays.


Suite à un arrêt cardiaque, Daniel Blake, veuf, âgé de 59 ans et menuisier de profession, n'est plus apte à travailler. Tout du moins au regard de la médecine du travail, puisque l'administration et le pole-emploi britannique ne sont pas de cet avis  C'est en effet après un questionnaire et une visite chez un "professionnel de santé" mandaté par l'Etat que Daniel est déclaré apte à travailler, dans la mesure où il possède des bras et des jambes qui fonctionnent. Il devient par conséquent, et c'est là que débute l'ironique histoire de Daniel, inapte à recevoir la pension d'invalidité accordée aux personnes invalides. L'unique option qui s'offre à lui pour pouvoir avoir un quelconque revenu est de demander l'allocation chômage ; allocation bien évidemment versée sous condition de recherche d'emploi. Désireux de faire appel de la décision rendue par le professionnel de santé, il fait alors face à un personnel froid clamant un discours robotisé, affronte de nombreux soucis administratifs, apprend à se servir d'un ordinateur à l'heure du tout-numérique et s'enlise dans des démarches illogiques et un combat presque voué à l'échec. Il tente de survivre tout en essayant tant bien que mal de garder sa dignité et croise le chemin de Katie, une femme célibataire mère de deux enfants. Elle a dû quitter sa ville natale pour ne pas être placée dans un foyer, et a atterri avec ses deux enfants dans un appartement médiocre à Newcastle, ville du protagoniste. Ensemble, ils vont se serrer les coudes, s'entraider de façon totalement gratuite et désintéressée et un véritable lien fraternel se tissera entre eux. Tandis que Daniel finit par décrocher un emploi qu'il devra décliner à cause de ses problèmes de santé, Katie cherche par n'importe quel moyen à survivre.


Vous pouvez retrouver la bande-annonce ici

  • Décryptage

    • Portrait d'un homme quelconque
Véritable drame social, ce film présente d'abord le portrait d'un  homme banal, inconnu, gentil mais pas trop, courageux mais pas trop, et surtout fortement décidé à se battre contre une administration hermétique. Il ne rentre dans aucun moule préconçu par le pole-emploi anglais : ni pleinement invalide, ni totalement demandeur d'emploi, Daniel est un de ces oubliés du système, un indigné plein d’empathie qu'on ne peut que défendre et aimer. Il ne veut que la dignité et le respect qu’il mérite et qu’on s’obstine à lui refuser. Il mène par ailleurs un combat vraisemblablement inégal avec d'un côté, un petit menuisier veuf et cinquantenaire de la province anglaise, et de l'autre une puissante administration à demi privatisée, à qui l'on demande de faire la chasse aux "assistés" et de suivre une procédure et un discours bien dictés.


    • Portrait d'une mère courageuse
Ensuite, ce film montre la vie d'une mère célibataire élevant avec ses tripes et sa bravoure deux enfants, pas plus vieux de 10 ans je dirai. Elle a du se séparer de sa famille restée à Londres, pour pouvoir être placée dans un logement social. Elle aussi essaie de joindre les deux bouts, prête à accepter n'importe quel travail et à faire n'importe quel sacrifice pour subvenir aux besoins de ses enfants, quitte à ne plus manger, à vivre dans le noir et le froid et à oublier sa condition de femme. L'une des scènes les plus marquantes restera pour moi celle de la banque alimentaire : une scène particulièrement poignante, déchirante même, et terriblement lourde de vérité. Il ne s'agit pas du portrait d'une mère dépassée qui n'y arrive pas, mais pas non plus de la mère super-héro qui réussi tout malgré les difficultés. Non, il s'agit de Katie, tout simplement : une mère entre les deux descriptions, et c'est ce qui la rend si réelle.




    • Témoin d'une amitié pure

Reflet également d'une très belle et touchante amitié entre les deux protagonistes Daniel et Katie, le film aborde un autre point de vue de la vie courante : l'amitié pure et simple, la solidarité et l'entraide totalement désintéressée. Daniel tend même a avoir une relation paternelle et protectrice avec Katie, qu'il a pris sous son aile autant qu'elle l'a prise sous son aile. Ce lien très fort entre deux personnes rencontrées par hasard nous touche aux larmes tellement il est simple et riduculement... humain. Cette amitié contraste violemment avec l’administration brute et insensible qui ne fait qu’écraser les personnes auxquelles elle se doit de venir en aide. C'est la touche positive du film, la touche douceur, la touche bienveillante.


    • Réalisation
Montage :
Si l'on s'intéresse de plus près au montage, on remarque très vite que les couleurs utilisées sont globalement fades - d'ailleurs il ne fait jamais beau dans le film, le ciel est toujours gris - que la musique n'a pas sa place et surtout que les différentes scènes ou séquences se finissent par un fondu noir. Je ne sais pas trop comment interpréter cela, peut-être comme une invitation à fermer les yeux, se dire que tout ira mieux le jour suivant, ou bien pour retranscrire l'idée d'un souffle, prendre sa respiration et la stopper. Car au fond c'est ça l'histoire, se battre pour sa dignité jusqu'à son dernier souffle.
On notera également que le réalisateur n'a choisi aucun acteur connu pour interpréter les rôles, ce qui marque bien la volonté de raconter l'histoire de personnes oubliées, inconnues, dans l'ombre et souvent effacées de la société.


Réalisateur :
Concernant le réalisateur justement, il s'agit de Ken Loach, un britannique humaniste, politiquement très à gauche, militant et connu pour ces prises de position et ses idées anti-système. A titre d'exemple, on retiendra qu'il fait parti de l'association Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël ou qu'il soutient le Nouveau Parti anticapitaliste. 
En 2006, il reçoit la Palme d'or du Festival de Cannes pour son film Le Vent se lève (The Wind That Shakes the Barley). J'ai eu l'occasion de voir ce film lorsque j'étudiais dans un lycée en Irlande (article ici) en 2012, et j'avoue avoir été bouleversée par ce film historique magnifiquement bien construit. Pour tout ceux qui ne connaissent rien à la guerre d'indépendance irlandaise (1919-1921) et au conflit civil qui a suivit, je vous recommande fortement ce film ! (à voir en VO, avec sous titre obligatoirement, car l'accent et le vieil anglais/irlandais était incompréhensible même pour mes camarades de classe). Son film La Part des anges a par ailleurs reçu le Prix du jury à Cannes en 2012.
C'est 10 ans plus tard qu'il reçoit sa deuxième Palme d'or, en Mai 2016, avec Moi, Daniel Blake, et après avoir vu ce film vous comprendrez pourquoi.



  • Critique
Je vais être rapide car je pense que vous l'avez compris : j'ai totalement adoré ce film. A la fois bouleversant et émouvant mais surtout réaliste et humaniste, ce film est d'une efficacité monstrueuse pour nous émouvoir et nous révolter. C'est simple : j'ai pleuré approximativement une scène sur deux. Il est présenté dans les médias comme dénonciateur, simplement parce-qu'il parle de la vraie faim, de la vraie survie et de la vraie misère. Et c'est d'ailleurs cet aspect là qui m'a vraiment plu dans le film : la réalité est présentée telle qu’elle est, aussi douloureuse et choquante soit elle. Il dénonce parce-qu'il est réaliste, vrai, simple, sans artifice et sans surplus. Il suit la vie de personnes ordinaires qui cherche non pas à vivre, mais tout simplement à survivre dans cette société mêlant frustration, exclusion et humiliation. L'histoire n'est pas surfaite ni surjouée, et c'est ce qui la rend si efficace, directe et dénonciatrice. On remarquerait presque un petit air d’Oliver Twist, avec le portrait d'une Angleterre profonde, laissée de côté et qui cherche à survivre dans une communauté qui l'exclut.

Le seul reproche que je pourrais faire est peut-être sur les caractéristiques trop simplistes des deux univers. C'est un peu facile de faire passer l'administration toute entière comme des méchants d'un côté, et de présenter Dan et Katie comme les gentils que l'Etat cherche à enfoncer. Le fossé entre les deux entités est peut être trop flagrant, trop brutal : c'est soit noir, soit blanc, il n'y a pas de juste milieu. 
Néanmoins, contrairement aux autres films où le bien et le mal sont si facilement distinguables, celui-ci à la particularité de ne pas avoir un happy ending hollywoodien....




"Manière, pour Ken Loach, de nous dire que dans le monde moderne, ce n'est pas Daniel Blake qui est anachronique. C'est la violence sociale." Télérama






J'espère que cette revue vous a intéressé, qu'elle n'était pas trop longue et qu'elle vous a semblé juste. N'hésitez pas à exprimer votre avis sur le film, et à me dire si l'article vous a donné envie - ou non d'ailleurs - d'aller le voir.
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Bye, et n'oubliez pas de sourire xx

8 nov. 2016

'New York USA'

Les élections présidentielles américaines expliquées et simplifiées






Difficile de passer à côté de l'actualité internationale du jour : actualité qui a d'ailleurs alimenté notre quotidien depuis déjà plusieurs mois. Avec une femme malhonnête et manipulatrice d'un côté, un homme misogyne et raciste de l'autre, cette élection présidentielle américaine n'aura jamais été aussi ridiculement mouvementée. Les Etats-Unis, acteur tout puissant sur la scène politique et culturelle internationale, sont au coeur des discussions et des flash infos. Vous connaissez parfaitement le caractère et les débordements des candidats à l'élection présidentielle. Vous connaissez la date de l'élection, et sachez je pense que l'investiture du Président élu ne se fera pas immédiatement. Mais connaissez-vous vraiment ce pays et son système politique ? Si j'évoque une République fédérale démocratique indirecte bipartite dont le régime est présidentiel, vous savez de quoi le parle ? En cas de doutes, déroulez cet article.


  • Un peu d'histoire
Peu de temps avant la révolution française, c'est l'ancienne colonie britannique qui lance le mouvement en déclarant son indépendance le 4 juillet 1776. Dix ans plus tard, les Founding Fathers - tels que Franklin, Adams, JeffersonMadison, et le futur premier Président Washington - signent en 1787 la Constitution et posent ainsi les grands principes du nouveau régime. 
Les États-Unis sont donc officiellement une fédération d’États indépendante, dont le système se base sur le principe de la séparation des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) avec à sa tête un Président élu au suffrage universel indirect. C'est ce dernier point sur lequel, vous l'avez compris, nous nous focaliserons. 


  • Que représentent Clinton et Trump ?

Hillay Clinton représente le Parti démocrate : né en 1836 sur la base de l'antifédéralisme de Jefferson, ce parti conçoit la société américaine comme une union des communautés de citoyens et vise à assurer la protection égale de leurs droits, notamment ceux des plus faibles. Il regroupe ainsi généralement les minorités, qu'elles soient ethniques, religieuses ou sociologiques, et s'apparente à un parti que l'on qualifierait de gauche, bien qu'il ne soit pas entièrement comparable à la conception de la gauche française.
Parmi les Présidents précédents, on retiendra Franklin D. Roosevelt, J.F. Kennedy, Bill Clinton et l'actuel président Barack Obama.

Son principal adversaire, Donald Trump, est issu du Parti républicain. Celui-ci est considéré a contrario comme un parti White Anglo-Saxon Protestant (WASP) visant à imposer la force de l'Union par le respect des valeurs centrales qui permettent la réussite des meilleurs. Il est notamment favorable à la libre entreprise et la faible fiscalité, proche des milieux d'affaires et financiers, soutenu par les professions libérales et les entrepreneurs. Globalement considéré comme un parti politiquement à droite, socialement plus conservateur et économiquement plus libertarien que le parti démocrate, on discerne cependant deux grands courants: l'un conservateur et l'autre modéré.
Parmi les Présidents républicains, on peut citer Dwight (si si c'est son prénom) Eisenhower, Richard Nixon, Ronald Reagan, et enfin George Bush, père et fils.



  • A quoi sert le Président des Etats-Unis ?

Contrairement à la France et son régime semi-présidentiel, le régime politique américain est un régime purement présidentiel, c'est-à-dire qu'il incarne à lui seul le pouvoir exécutif.

En tant que chef d'Etat, le Président des Etats-Unis :
  1. est chef des armées et de la garde nationale
  2. est chef de la diplomatie : il représente les Etats-Unis à l'étranger, reçoit et rencontre les chefs d'Etats étrangers, nomme les ambassadeurs et peut ou non reconnaître des gouvernements étrangers.
  3. conclut les traités internationaux au nom de son pays. 
  4. détient le droit de grâce pour les crimes fédéraux : il peut gracier, commuer des sentences, ou proclamer une amnistie.
[A cet égard, une pétition d'Amnesty International appelle d'ailleurs le Président à gracier Edward Snowden, lanceur d'alertes actuellement réfugié en Russie.]


En tant que chef de gouvernement, le Président :

  1. est chef de l'administration
  2. propose le budget
  3. est législateur en chef
  4. est responsable de l'application des lois votées par le Congrès. 
  5. nomme les ministres publics (secrétaires) et les fonctionnaires
  6. exerce une influence sur le programme législatif du Congrès : en informant le Congrès sur la situation et en recommandant des mesures, dans un discours annuel sur "l'état de l'Union" traditionnellement donné en janvier.
  7. a un droit de veto sur toute loi adoptée par le Congrès

Nuance
- grâce à un système de checks and balances des pouvoirs, le pouvoir exécutive incarné par le Président est néanmoins, et ce n'est pas négligeable, fortement supervisé et limité par le pouvoir législatif représenté par Congrès.
Exemple : Le Congrès peut contrecarrer le veto du Président, a le dernier mot pour déclarer la guerre et est en mesure de s’opposer aux nominations relevant du Président ou encore aux traités internationaux négociés par l’administration.
- Le Congrès (Chambre des représentants + Sénat) est certes composé majoritairement de Républicains, mais il ne faut pas oublier qu'une grande partie des Congressmen républicains n'approuvent pas les idées de Trump et ont appelé à voter pour H. Clinton. Trump n'aura donc pas un soutien aveugle et acquis du Congrès et ne POURRA PAS FAIRE CE QU'IL VEUT.

  • Comment devient-on Président des Etats-Unis ?


Quatre critères sont nécessaires afin d'être éligible :

– être né sur le sol américain
– être âgé d'au moins 35 ans
– résidé sur le sol américain depuis au moins 14 ans
– ne pas se représenter pour un troisième mandat





Au cours de l’année précédent les élections primaires, les candidats sont évalués par des comités qui déterminent le potentiel des candidats et recherchent des soutiens financiers. Une série d’élections primaires et de "caucus" qui se déroulent dans chaque État : un vote pour un candidat est un vote pour des délégués qui s’engageront sur ce candidat à leur convention nationale respective où le candidat du parti sera officiellement choisi. 
Après le travail du comité dévoué à sa cause et chargé de récolter des fonds, le candidat à la présidence doit se déclarer dans chaque État où il veut obtenir les voix des « grands électeurs ».



  • Comment fonctionne l'élection ?
Atlas historique, Stock collection, Le Grand Livre du Mois



L’élection présidentielle revient tous les quatre ans, le mardi suivant le premier lundi du mois de novembre. Cette année, l’élection est prévue aujourd'hui, mardi 8 novembre.

Les électeurs américains votent pour deux hommes: le président et le vice-président, appelés familièrement le "ticket".

Néanmoins, l’élection présidentielle américaine se faisant au suffrage universel indirect, les citoyens ne votent pas directement pour un Président et un VP. Ils votent en effet pour des Grands électeurs « en faveur » d’un candidat. Chaque État fédéral élit un certain nombre de grands électeurs, variant de 3 pour le Vermont à 55 pour la Californie, selon la population de l’État. Le collège électoral comprend 538 grands électeurs, correspondant tout simplement au nombre d'élus siégeant au Congrès. Ces grands électeurs s'engagent par ailleurs, et c'est là que tout se joue,  à voter pour tel candidat s'ils sont élus. Pour être Président, il faut donc obtenir la majorité absolue au sein de ce collège, soit 270 votes. 



Ainsi, pas besoin d'attendre le vote du collège électoral de début décembre pour savoir qui sera élu Président. Les grands électeurs sont en effet toujours loyaux envers leurs candidats, même si en théorie rien ne les empêche de voter contre. 

  • Les "swing states", mais qu'est-ce que c'est ?
C’est une expression que vous avez, je présume, beaucoup rencontrée ces derniers jours. Les swings states sont tout simplement les Etats dans lesquels tout peut basculer, c'est-à-dire des Etats qui ne sont pas acquis au camp républicain ou démocrate, et ayant un nombre important de grands électeurs à élire. Quelques Etats ont donc la capacité de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre, et ce sont en général sur ces Etats que la campagne des candidats se concentre. A titre d'exemple, on citera le Texas, la Floride, l'Illinois ou l'Ohio.

L’illustration la plus célèbre de l'importance des swing states est celle de l'élection de 2000 où Al Gore devançait alors George Bush de 550 000 voix, mais s'est fait battre par Bush grâce à sa victoire très serrée dans l’État de Floride. 

  • Quand le président élu entre en fonction ?

Bien que l'élection générale des Grands électeurs par les citoyens, appelé Election Day, ait lieu aujourd'hui, la véritable élection du nouveau Président se fera quant à elle le 19 décembre par les Grands électeurs.

Le Président élu entrera en fonction le 20 janvier 2017, jour de l'Inauguration Day, après avoir prêté serment sur la Bible.





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J'espère qu'à présent les élections présidentielles américaines n'ont plus de secret pour vous ! Faites moi savoir si cet article vous a été utile, si j'ai été claire et surtout n'hésitez pas à me reprendre si jamais vous repérez une erreur. 
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Bonne semaine, et n'oubliez pas de sourire xxx  

24 juin 2016

'No Good in Goodbye'

 Un Royaume pas si Uni que ça.




La nouvelle est tombée ce matin comme un coup de massue qui nous pousse à nous rendormir. Hier soir je me suis couchée confiante. Cette nuit, après un détour aux toilettes, j'ai voulu regarder le résultat, parce-que même si j'étais confiante, j'avais besoin d'être rassurée quand même. En vain, car seul le vote de Gibraltar était rendu public. Ce n'est donc que ce matin que j'ai appris que la menace avait été tenue. Le Brexit n'est plus un nom loufoque abstrait qui tourne en boucle dans nos télés : c'est un fait. Je savais que le choix allait être difficile, que la question avait divisé le pays du nord au sud et que la classe politique elle-même menait une bataille féroce. Cependant, je reste terriblement choquée par le résultat. 

Mais tu n'es pas anglaise, nord-irlandaise, galloise ou écossaise, alors pourquoi ça te touche autant ? Ca me touche en plein coeur car le Royaume-Uni est un pays qui m'a toujours attiré, que j'ai toujours admiré et qui m'a toujours fait rêvé. A la fac, j'étudie leur histoire politique, leur droit privé et leur droit criminel. A la maison, j'ai le Union Jack fièrement accroché dans ma chambre. Dans mon projet universitaire, je pars l'année prochaine faire un LLM en Ecosse. Et dans ma tête, j'ai cette envie de travailler et de vivre pendant un moment au Royaume-Uni. Un royaume uni qui ne l'est pas tant que ça finalement.




  • Conséquences pour la France 
Certes, concrètement, je ne pense pas que les relations entre la France et le Royaume-Uni vont changer. Il y aura très certainement des accords entre ces deux pays pour facilité respectivement l'entrée et la sortie du territoire de leur citoyens. Les accords entre les universités vont surement être maintenus aussi. Les investisseurs vont désormais peut-être plus instinctivement se tourner vers Paris.
Mais le commerce avec le Royaume-Uni risque d'être impacté, la libre circulation des travailleurs ne sera plus un devoir ainsi que le droit de séjour des citoyens ressortissants d'un Etat membre de l'Union. De même, les droits de douanes vont augmenter et les compagnies lowcost vont faire monter leur prix également.




  • Conséquence pour le Royaume-Uni 
    Au vue des différences d'opinion entre l'ancienne et la nouvelle génération, il a été dit que le passé a voté pour le futur. Et c'est probablement vrai.

Difficile de le savoir vraiment, mais reprenez tout ce que je viens de citer plus haut, et ajoutez-y un changement dans le droit du travail, une coupe des subventions agricoles et bien sûr la fin du devoir de liberté de circulations sur ces quatre aspects: biens, services, capitaux et personnes. De même, une possible émancipation de l'Ecosse et de l'Irlande du Nord se fait entendre. D'ailleurs, il va falloir remettre des frontières entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande ? Ouch. Et jeunes britanniques, vous pouvez tirer un trait sur le programme Erasmus.



  • Conséquence pour l'Union Européenne 

L'Union perd un important contributeur financier et un membre majeur actif certes, mais un membre qui ne l'était qu'à moitié au final. Il y avait un nombre incalculable de dérogations concernant le Royaume-Uni, entre autres: ils ne faisaient pas parti de l'espace Schengen et n'avaient pas l'€. Plusieurs questions se posent également : devons-nous dès à présent retirer le droit de vote au parlementaires britanniques ? Les british qui siègent au Conseil, à la Cour ou à la Commission doivent-ils partir de suite ? Attendre que le Royaume Uni invoque l'article 50 sur le droit de retrait ? Ou attendre la décision définitif de retrait, soit au plus tard dans deux ans?

En outre, c'est surtout la crédibilité, la cohésion et l'unité de l'Union qui en prend un sacré coup. Il y a beaucoup de choses à améliorer au sein de cette Union pour qu'elle perdure. De son fonctionnement à sa communication au public en passant par l'efficacité de sa Cour et l'utilité des débats du Conseil.


  • Discours 

    • DAVID CAMERON (x

Le bientôt ex-Premier Ministre britannique, David Cameron, devra plier bagages en Octobre. C'est lui qui a lancé l'idée du référendum, et c'est lui le premier qui en subi les conséquences. Avant même que le résultat ne tombe, c'était certain qu'il s'agissait d'une terrible erreur politique. Au moins, cette homme aura eu le courage de tout miser sur ses convictions, il mérite notre respect, et c'est avec dignité qu'il s'en va.

Voici quelques extraits de son discours de résignation, ce matin :


"The British people have voted to leave the European Union and their will must be respected.- Les britanniques ont voté pour quitter l'Union Européenne et leur volonté doit être respectée. -
The will of the British people is an instruction that must be delivered. It was not a decision that was taken lightly, not least because so many things were said by so many different organisations.

-La volonté des britanniques est un instruction qui doit être écoutée. Ce n'était pas une décision prise à la légère, notamment parce-que tant de choses ont été dites par tant d'organisations différentes.


I fought this campaign in the only way I know how, which is to say directly and passionately what I think and feel, head heart and soul. I held nothing back. I was absolutely clear about my belief that Britain is stronger, safer and better off inside the European Union. And I made clear the referendum was about this and this alone, not the future of any single politician including myself. But the British people have made a very clear decision to take a different path.- Je me suis battu dans cette campagne de la seule façon que je connais, c'est-à-dire directement et passionnément, avec ce que je pense et ressens : la tête, le coeur et l'âme. Je n'ai rien caché. J'ai été très clair en disant que je crois que la Grande Bretagne est plus forte, plus en sécurité et mieux au sein de l'Union Européenne. Et j'ai été clair en disant que le référendum était à propos de ça, et seulement ça, et non à propos du futur d'un homme politique, moi inclus. Mais les britanniques ont pris la décision nette de prendre un chemin différent. -


And as such I think the country requires fresh leadership to take it in this direction. I will do everything I can as Prime Minister to steady the ship over the coming weeks and months. But I do not think it would be right for me to try to be the captain that steers our country to its next destination. This is not a decision I’ve taken lightly but I’ve taken it in the national interest to have a period of stability and the new leadership required.- C'est pourquoi je pense que le pays à besoin d'un nouveau leader pour l'emmener dans cette direction. Je ferai tout mon possible en tant que Premier Ministre pour stabiliser le bateau pendant les prochaines semaines et les prochains mois. Mais je ne pense pas qu'il sera juste pour moi d'essayer d'être le capitaine qui guide notre pays à sa nouvelle destination. Ce n'est pas une décision que j'ai pris à la légère mais je l'ai prise dans l'intérêt national pour avoir une période de stabilité et de nouvelle gouvernance nécessaire.


    • FRANCOIS HOLLANDE (x)


Notre Président François Hollande lui aussi s'est exprimé ce midi :

"C’est un choix douloureux et je le regrette profondément pour le Royaume-Uni et pour l’Europe. Mais ce choix est le leur et nous devons le respecter, en en tirant toutes les conséquences. (...)
La France pour elle-même et pour la Grande-Bretagne continuera à travailler avec ce grand pays ami. (...)
Le vote des Britanniques met gravement l’Europe à l’épreuve. (...) Mais la décision britannique exige aussi de prendre lucidement conscience des insuffisances du fonctionnement de l’Europe et de la perte de confiance des peuples dans le projet qu’elle porte.

Le danger est immense face aux extrémismes et aux populismes. Il faut toujours moins de temps pour défaire que pour faire, pour détruire que pour construire. La France, pays fondateur de l’Europe, ne l’acceptera pas.

Un sursaut est nécessaire. L’Europe pour aller de l’avant ne peut plus faire comme avant.

L’Europe, et c’est ma conviction, doit porter des projets et non pas se perdre en procédures. Elle doit être comprise et contrôlée par les citoyens. Elle doit décider vite, là où on l’attend et laisser une fois pour toute aux Etats-nations ce qui relève de leurs seules compétences.

(...) L’Europe est une grande idée et pas seulement un grand marché. Et c’est sans doute à force de l’avoir oublié qu’elle s’est perdue.


L’Europe doit continuer à être un espoir pour la jeunesse car c’est son horizon. Aujourd’hui, c’est l’Histoire qui frappe à notre porte. Ce qui se joue c’est la dilution de l’Europe au risque du repli ou la réaffirmation de son existence au prix de changements profonds."


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Il s'agit donc d'un jour historique pour tant l'avenir du Royaume-Uni que pour celui de l'Union Européenne.

6 avr. 2016

'I Predict A Riot'

Réflexion sur l'actualité et la violence



Il y a tant de choses que je ne comprends pas sur cette Terre. Il y a tant d’incompréhensions qui me hantent. Il a y tant de questions qui surgissent et s'entassent au fond de mon esprit au fur et à mesure de mon existence. Plus je grandis et moins je comprends le monde. C'en est presque drôle, mais au fond, c’est alarmant. Tout se bouscule, tout me chagrine et rien n’a de sens. Pourquoi, quand, comment, par qui, à cause de quoi. Par quoi commencer, par où débuter.

Pourquoi pas par la violence, tiens, elle qui berce nos journées avec une si forte intensité. Presque omniprésente sur Terre, elle habite nos villes et remplit nos journaux. Oh tiens, un homo tabassé au Maroc. Oh tiens, un voyageur tué à Bruxelles. Oh tiens, un combattant torturé à Guantanamo. Oh tiens, un homme décapité en Syrie. Oh tiens, un lycéen frappé par un policier à Rennes. A force, il n’y a même plus de « oh ». On n’y prend plus la peine, on se contente juste d’un « tiens, une nouvelle femme maltraitée par son mari. » Un quotidien malsain qui ne nous fait plus rien.

Alors de toutes ces situations me viennent des centaines de questions. Ces questions, si difficiles soient-elles à formuler, n’ont parfois aucune connexion les unes aux autres. Un vrai bordel, je vous dis. C’est vrai ça, comment peut-on frapper un être humain parce-que sa peau est foncée ? Pourquoi sous-traiter cet être humain lorsqu’il s’agit d’une femme ? Pour quelle raison être choqué d’un homme parce-qu’il en aime un autre ? Un magazine marocain a justifié une de ces Unes homophobe en expliquant que la société ne voulait pas les voir, qu'un tel type d’affection est choquant pour cette dernière. Ah, bravo, belle preuve de bravoure. « C’est pas moi, c’est la société qui veut ça. »

Mais en fait, qui décide de ce qui est choquant pour la société ? Qui décide de ce qui est bien ou mal ? Nos géniteurs, nos politiciens actuels ? Est-ce la société elle-même ? Je n’y crois pas. Car notre société, elle ne demande qu’à changer. Elle ne s’aime pas comme elle est. Elle est brisée depuis toujours. Et puis de toute façon, c’est quoi « la société » ? C’est un mot inventé de toute pièce pour expliquer l’hypocrisie de ceux qui la forment. C’est si facile de se cacher derrière un concept pour justifier sa propre idéologie. C’est pas de ma faute, c’est la société dans laquelle on vit qui veut ça. La société impose ses mœurs. La société impose ses standards. Mais enfin, la société c’est vous ! C’est nous qui la constituons ! C’est toi, moi, ton voisin du dessous, ta tante Ginette et ton pote Matthieu. C’est tout le monde. C’est chacun d’entre nous. Donc la société, elle bouge, elle évolue, elle se change. Alors si on décide ensemble que l’amour va au-delà du genre, tout geste démonstratif de cet amour ne sera plus perçu comme un mal pour « la société ».


Et si on estime ensemble qu’une femme peut s’habiller comme elle veut, alors tant le crop top que la mode pudique d’H&M sera acceptée. Je parlais de violence tout à l’heure, mais la violence n’est pas que physique. Les mots sont d’une violence inimaginable. Le jugement d'autrui, les débats publics, les disputes domestiques... Trop souvent nous parlons plus rapidement que nous pensons, et le résultat fait mal pour notre interlocuteur ou pour ceux qui sont ciblés par les débats. Trop souvent nous ne pensons pas à l'impact d'un mot sur celui qui nous écoute. J’ose à peine revenir sur les propos de Mme Rossignol qui parle de "nègres américains qui étaient pour l'esclavagisme" et qui rabaisse la faculté d'opinion et de réflexion d'une femme tout en touchant à sa dignité et à sa liberté d'action. Ses propos sont d’une telle violence, c’est à peine croyable de la part d’une représentante d’un Etat laïque socialiste. Preuve qu’aujourd’hui tant le mot « socialiste » que « laïque » n’a plus de fond. Mais ça, c’est un autre débat. Tout me choque, tout me révolte dans cette France perdue dans ses débats puériles et ses convictions dépassées.




Outre la parole et les actes, la violence se retrouve également dans l’inaction. Oui, c’est violent de laisser des familles s’échouer en mer. C’est violent de refuser d’aider des humains fuyant l’horreur de la guerre. C’est violent d’affirmer qu’ils n’auront pas d’aide car... Pourquoi au juste ? Parce-qu'ils sont trop? Parce-que parmi les millions, une dizaine peut être des terroristes ? Parce-qu'ils bousculent notre quotidien de riche blanc privilégié? Parce-que nos problèmes économiques prévalent sur leur vie et leur dignité ? Hm. Comment peut-on dire qu’ils ont eu tort de fuir et qu’ils feraient mieux de rester se battre ? Comment des pays civilisés, développés et soit disant démocrates et unis peuvent déclarer fermer leurs portes à tant d’innocents condamnés ? Comment peut-on laisser les réfugiés s'entasser comme des animaux dans un endroit où on ne laisserait même pas notre propre chien dormir ? Comment peut-on les forcer à vivre dans ces conditions inhumaines ? L’inaction est violente. Elle fait mal à voir et j’ai du mal à réaliser que je suis témoin de cette misère sociale et politique.


Mais qui suis-je dans ce monde de géants ? Moi, petite campagnarde, fille d’une veuve employée, coincée entre son passé, sa douleur quotidienne et son envie folle de découvrir la planète pour espérer y trouver un coin de bonheur et de bien être. Comment puis-je faire entendre ma voix ? Pourquoi est-ce si compliqué de comprendre le fonctionnement du monde ? A partir de quand ai-je réalisé que mes questions n’obtiendraient aucune réponse ?



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20 mars 2016

#PrayForTurkey - 'Istanbul'

Istanbul, l'Occident et la compassion sélective.


Un coup de fil d’une amie. « Je n’ai plus besoin de ton sac à dos, on ne part plus à Istanbul demain. » Merde, mais pourquoi ? Oh, je n’ai pas vu les news encore. Il est midi pourtant, et rien sur mon smartphone ou mon ordi ne m’indique que des turcs viennent de mourir. Qu’un attentat s’est produit, en plein cœur d’une des plus belles villes du monde. Que des innocents comme toi et moi ont perdus leurs proches tandis que d’autres seront blessés à vie. Mais ça s’est produit en Turquie vois-tu ; la Turquie, ce pays qui attise la curiosité, la peur et l’incompréhension dès son évocation. Tant de clichés alimentés par l’esprit fermé des pays occidentaux et l’incompétence désarmante des médias. « Un attentat, ce matin, en plein centre-ville, pas loin de chez Irmak, tu y crois ça ? » (...) « Oui, c’est plus sûr de rester en Hongrie, les vacances ça attendra. Je préviens les autres et je m’assure que Mert et Özge aillent bien. » 

Heureusement Irmak est saine et sauve, et ses proches aussi, pensais-je. Mais non, Irmak ne va pas bien finalement. Elle hurle de douleur, je le sens dans ses messages, je le lis dans ces mots. Elle est apeurée, elle est en colère, elle est complètement perdue. Comme moi le 13 novembre. Comme nous tous je suppose.

Pourtant j’entends déjà tant les bourgeois du XVIème que les paysans de ma région penser: Oh, pas de quoi être étonnée, ça doit être normal là-bas chez eux. C’est loin, c’est pauvre, c’est contrôlé par un dictateur, c’est musulman, c’est en pleine guerre, les kurdes, le PKK, Erdogan, la liberté de la presse, les droits de femmes, la frontière avec la Syrie, l’Etat Islamique, tout ça quoi. C’est normal pour ces gens-là. Et bien non. Pas du tout. Une bombe dans la rue la plus fréquentée de la plus grande ville du pays, ca ne va pas de soi. Ce n’est pas leur quotidien. Du moins ça ne l’était pas.


- "(...) Unfortunately I don't feel safe here, terrorism attact can be happend again in Turkey and I don't know what to say, I'm scared of even walk in the street and our governmental situation is too complex right now. It must be end soon. Otherwise no way to live my beautiful city..."


- "(...) We live in unsafe times now. I am fine but my friend's friend died and one of my friend got injured last week. We had been trying to cover ourselves then we heard about Istanbul. After seeing photos which are entirely bad, it is hard to go on. Upcoming two days would be more dangerous, sunday and monday. Let's hope nothing will happen. (...)"


- "Yeah honestly I even cannot be sure about going out nowadays...It's a really sad situation. I have no idea what to do, how to feel...I'm so upset. And angry. Why all these things are happening? Why do some innocent people have to die?!"


Réactions de mes amis.







J'étais censée aller les voir à la fin de mon erasmus, en Mai. J'avais même fait faire un passeport rien que pour la Turquie. Istanbul et Cappadoce. Maintenant je doute. Ce pays est si magnifique, et les habitants sont si chaleureux et accueillants, mais l'aventure attendra peut-être, et l'amitié tiendra, de toute façon.











Pourquoi nous sentons nous déconnectés de la Turquie ? Pourquoi cette attaque ne touche pas les pays riches ? Pourquoi ne nous sentons nous pas concernés ? Dis Mark Zuckerberg, il est où le drapeau turc sur les photos de profil facebook ? Et vous, maires des capitales du monde, ils sont où les éclairages des grands bâtiments au couleur de la Turquie ? Ah, c’était si hypocrite en novembre. Vous étiez Charlie, vous étiez Paris, mais bon sang de bonsoir pourquoi n’êtes-vous pas Istanbul ni Ankara ? Cette solidarité sélective me dégoûte. Je croyais que nous étions tous humains, tous égaux, mais il faut croire qu’une exception s’applique lorsque l'on ne partage pas la même culture, la même religion, la même couleur de peau ou le même système politique.

James Taylor l’a si bien dit : "C’est facile de regarder les attaques terroristes qui se produisent à Londres, à New York, à Paris et de ressentir de la douleur et de la tristesse pour les victimes. Donc pourquoi n’est-ce pas la même chose pour Ankara? Est-ce parce que vous ne réalisez pas qu’Ankara ne diffère pas de l'une de ces villes? Est-ce parce que vous pensez que la Turquie est un pays à majorité musulmane, comme la Syrie, comme l'Irak, comme les pays qui sont dans un état de guerre civile, et que par conséquent, ça doit être pareil. Est-ce parce que comme vous ne vous souciez pas de ceux-là, alors pourquoi se soucier de la Turquie? Si vous pensez que ces attaques d’Ankara ne vous affectent pas, ou que vous ne pouvez pas ressentir la même douleur que vous avez ressentie lors des attaques de Paris ou de Londres, alors peut-être vous devriez vous arrêter et penser pourquoi, pourquoi vous sentez vous comme ça ?


Pendant que les monstruosités continuent hors de nos frontières, nous, petits français narcissiques, nous sommes focalisés sur l’arrestation d’un des hommes responsables de notre douleur il y a 4 mois de ça. Une douleur pourtant similaire à celle des turcs, mais dont on ne se sent pas concerné. Alors certes cet enfoiré a été arrêté, mais, et alors, j’ai envie de dire. Et alors ? Tant mieux, c’est sûr, mais des gens comme lui, il y en a des centaines. C'est quoi la suite ?

22 nov. 2015

'Tu danses et puis tout va'

Mon top 10 des vidéos qui donnent le sourire



Après cette semaine difficile et pour toutes les prochaines qui risquent de se reproduire, je partage ici rapidement un top dix des vidéos célèbres ou non qui vous (re)donneront le sourire en un clin d'oeil !


J'aurais pu choisir n'importe quel sketch de Gad, mais celui-ci n'est peut être pas très connu alors à vos oreilles !

J'étais obligée de mettre une vidéo d'elle.


Parce-qu'il en dit des conneries, mais celle-ci c'est quand même du high level.


Je voue un culte à cette humoriste, tellement talentueuse.


WARNING: Vous allez avoir la chanson en tête toute la journée.


6. La Ferme Jérome + les OFF.
Les débuts de Jérome, j'adore. Les off sont également très (si ce n'est plus) drôle.


Un peu borderline comme blague, mais il faut avouer que sa réaction spontanée est vraiment hilarante.



Un classique.


Le film entier est un sketch, mais ce moment respire tellement la joie de vivre.


Oups, j'ai honte. Mais cette vidéo me remonte le moral, alors pourquoi s'en cacher.



Evadez-vous quelques minutes avec ces vidéos, ou sortez prendre l'air, lisez un livre, regardez un épisode de New Girl, faites vous une fondue au chocolat entre amis, riez des blagues sans fin sur le logeur Jawad, parlez à votre voisine, dansez en boite jusqu'au matin... C'est ce que j'ai fait perso, et ça marche. Ca ne sert à rien de ressasser, mise à part se conforter dans sa déprime et s'auto-imposer des barrières. La vie est belle les amis, je n'ai pas besoin de vous le dire, je sais que vous le savez.


16 nov. 2015

'We want peace'

          Je n'arrive pas à ne pas y penser. Parfois mon esprit s'évade, je regarde une série, je lis un livre, je parle avec mes proches. Mais à la fin de l'épisode, à la fin du chapitre et à la fin de la discussion, la réalité me frappe de nouveau en pleine face. J'y pense en permanence et cela m'obsède l'esprit. Je n'arrive pas à arrêter d'y penser. A quel point ce monde est tordu. A quel point l'humain est cruel. A quel point la vie est tragique. A quel point le futur est terrifiant.
Bizarrement je n'ai pas peur de mourir, non. Je n'ai pas peur de sortir, me rassembler, prendre le métro, aller à des concerts, à des matchs de foot ou au resto. Je n'ai pas peur d'être moi-même une victime. Mais j'ai peur d'une seule chose : être témoin de la mort. Ces attaques vont se répétées et la guerre va prendre de plus en plus d'ampleur. Les attaques se multiplieront et seront de plus en plus meurtrières. Un jour ça sera la voisine de ma tante, le mari de ma prof, le père de mon camarade. Puis ça sera ma marraine, mon frère, ma meilleure amie... Je ne sais que trop bien ce que c'est que de se reconstruire après un départ anticipé. Je ne sais que trop bien ce que c'est que d'être endeuillée et de pleurer en cherchant en vain des raisons à cette disparition. Et je ne le souhaite à personne. Je n'ai pas peur de mourir non, j'ai peur de voir les autres mourir.

J'ai peur de la division aussi. Surtout. De la division du monde, de ma nation, de mon pays, de mes proches. Pour ou contre répliquer plus fort? Pour ou contre l'état d'urgence? Pour ou contre la violation de notre vie privée? Pour ou contre l'accueil de migrants? Ah, arrêtez avec vos disputes puériles. Arrêtez avec vos idéologies fascistes à la con, avec votre putain d'esprit fermé et occupez vous d'enlever la merde coincée dans vos yeux. Évoluez avec votre temps, vivez avec le monde et "aimez vous les uns les autres, bordel de merde."

J'ai 20 ans et je suis témoin de la guerre, mais que se passe-t-il? Mes croyances de petite fille s'écroulent. Lorsque j'entendais parler des deux guerres mondiales, cela me paraissait si lointain. A l'école, on nous apprend les horreurs de la guerre, les dommages humains et matériels. Mais c'était en 1900 et quelques, c'était il y a longtemps, c'est du passé, le monde a changé depuis. On est civilisé maintenant, les allemands sont nos amis, l'Europe se construit alors tout va bien. La guerre c'était du temps de nos ancêtres, c'était il y a des décennies, ca parait presque irréel, impensable. Non, on n'est plus des barbares nous, une guerre comme cela ça ne se reproduira jamais. C'était du temps de non grand-parents, c'était il y a longtemps, on n'est plus comme ça, on n'agit plus comme ça. On n'est pas des sauvages, on a des moyens modernes maintenant, on est en 2015 quoi. Les fossés, les poilus, tout ça c'est loin derrière nous. 



Et pourtant. La guerre est bien là. Il nous aura fallu du temps pour nous en rendre compte. Un onze septembre, une organisation terroriste démantelée, une révolution arabe, des dictateurs, des attentats au proche et moyen orient, des attentats au Maghreb, un à Londres, un autre à Madrid. Puis Charlie il y a 10 mois. Oh Charlie et l'hyper casher, ça nous a fait mal. On réalise un peu plus à quel point on est dans le pétrin. Mais des éléments font que l'on reste dans le déni. C'est à cause de ce qu'ils faisaient, c'est à cause de ce qu'ils étaient. C'était des cibles précises, il y avait "une raison", Mais un restaurant, un stade de foot, une salle de concert.. merde, pourquoi? Ca n'a aucun sens. J'étais à une soirée en Hongrie lorsque les alertes lemonde ont fait vibrer mon portable. Mais c'est lorsque mon frère m'a écrit "C'est comme Charlie mais en 10 fois pire" que j'ai pris peur et réalisé l'ampleur des événements. J'ai beau retourner les faits encore et encore dans ma tête, je n'y comprends rien. J'ai beaucoup pensé à mes petites cousines et un petit garçon de 6 ans dont je suis très attachée, et je me suis demandée ce qu'ils ressentaient, comment ils voyaient tout cela et surtout ce que leur maman pouvaient bien leur dire. Comment expliquer cela aux enfants? Comment leur expliquer que des gens tuent d'autres gens parce-qu'ils profitent de la vie? Puis je me suis rendue compte que je n'y comprenais rien moi-même, que personne n'y comprenait rien et que les enfants comme les adultes se retrouvent sans réponse. Si quelqu'un a réussi à parler à son enfant, qu'il vienne me parler aussi. Car je me sens comme une enfant aussi, je me sens fragile, fébrile et démunie. Je ne comprends pas, je ne comprends rien. Ca n'a aucun sens.

J'ai mal à mon Paris, j'ai mal à mon pays, ma liberté, ma République, ma culture. Je voulais réagir à froid mais je réalise que c'est encore chaud. Des frissons, des débuts de sanglots, quelques larmes isolées qui coulent encore. Mon monde s'est arrêté de tourner depuis cette nuit d'horreur.
Mais pas le monde des autres Erasmus. Ils ont été choqués samedi, dimanche peut-être, et puis voilà. Pendant ce temps là moi j'ai fais ma minute de silence lundi, je me suis habillée en noir, et je ressasse les événements en permanence, j'en ai cauchemardé cette nuit même. Ca n'a aucun sens. J'en discute tout le temps avec les autres français, je m'informe, je lis énormément d'articles et de témoignages et je regarde en streaming mon Président parler à l'Assemblée nationale ainsi que mes journalistes être émus aux larmes. Les autres, eux, ils rigolent, ils sortent, ils vivent. Pourquoi moi je devrais m'arrêter? Je suis comme une coquille fêlée, mais pas encore cassée.
Alors je sais que petit à petit la vie va reprendre son cours. On y pensera toujours bien sûr, mais ça ne sera plus la principale source de nos préoccupations. On continuera à rire, à débattre et refaire le monde en famille, à se disputer avec son frère, à boire trop de rouge en terrasse, à danser pendant des concerts, à dîner au resto du coin et à s'énerver devant des matchs de foot. La vie continue, parce-qu'ils ont tués 129 personnes, pas 66 millions.




Le directeur de ma fac nous a écrit un mail hier soir. Son message était touchant, poignant et plein d'espoir :

"(...) La jeunesse est touchée en son coeur, sur ses lieux de prédilections, et pour ce qu'elle représente : l'avenir. Vous êtes, vous étudiants, la réponse la plus forte qui soit à ces actes abominables. Vous avez les ressources pour dépasser la haine et apporter votre pierre à une société plus éclairée.

Ces attaques ne font que renforcer la raison d'être de votre université, lieu de partage et de savoir. Elles ne font que renforcer notre détermination à être à vos côtés.  (...)
Toutes les universités seront ouvertes demain. Avec encore plus de détermination qu'hier. (...)
Je sais pouvoir compter sur votre vigilance et sur votre engagement pour surmonter ces terribles épreuves."


          Ce qu'il s'est passé à Paris est une tragédie. Ce qu'il s'est passé à Beyrouth est une tragédie. Et le fait que ce qu'il s'est passé à Paris compte plus que ce qu'il s'est passé à Beyrouth est une tragédie. Je suis confuse et je me sens gênée de voir que la solidarité ne se témoigne qu'envers les grands pays occidentaux. Je me sens privilégiée de savoir que mon chagrin est partagée par le reste du monde. Et ça non plus ça n'a aucun sens. Nous sommes tous humains, et que nous vivons dans un pays riche et puissant ou non ne devrait pas impacter sur l'importance de nos pertes. Mes pensées se tournent vers tous les proches des victimes des attentats.



Commémoration à Pécs, Hongrie.


We want peace.





"Les terroristes ne détruiront jamais la République car c'est la République qui les détruira." B. Cazeneuve, Ministre de l'Intérieur.