6 avr. 2016

'I Predict A Riot'

Réflexion sur l'actualité et la violence



Il y a tant de choses que je ne comprends pas sur cette Terre. Il y a tant d’incompréhensions qui me hantent. Il a y tant de questions qui surgissent et s'entassent au fond de mon esprit au fur et à mesure de mon existence. Plus je grandis et moins je comprends le monde. C'en est presque drôle, mais au fond, c’est alarmant. Tout se bouscule, tout me chagrine et rien n’a de sens. Pourquoi, quand, comment, par qui, à cause de quoi. Par quoi commencer, par où débuter.

Pourquoi pas par la violence, tiens, elle qui berce nos journées avec une si forte intensité. Presque omniprésente sur Terre, elle habite nos villes et remplit nos journaux. Oh tiens, un homo tabassé au Maroc. Oh tiens, un voyageur tué à Bruxelles. Oh tiens, un combattant torturé à Guantanamo. Oh tiens, un homme décapité en Syrie. Oh tiens, un lycéen frappé par un policier à Rennes. A force, il n’y a même plus de « oh ». On n’y prend plus la peine, on se contente juste d’un « tiens, une nouvelle femme maltraitée par son mari. » Un quotidien malsain qui ne nous fait plus rien.

Alors de toutes ces situations me viennent des centaines de questions. Ces questions, si difficiles soient-elles à formuler, n’ont parfois aucune connexion les unes aux autres. Un vrai bordel, je vous dis. C’est vrai ça, comment peut-on frapper un être humain parce-que sa peau est foncée ? Pourquoi sous-traiter cet être humain lorsqu’il s’agit d’une femme ? Pour quelle raison être choqué d’un homme parce-qu’il en aime un autre ? Un magazine marocain a justifié une de ces Unes homophobe en expliquant que la société ne voulait pas les voir, qu'un tel type d’affection est choquant pour cette dernière. Ah, bravo, belle preuve de bravoure. « C’est pas moi, c’est la société qui veut ça. »

Mais en fait, qui décide de ce qui est choquant pour la société ? Qui décide de ce qui est bien ou mal ? Nos géniteurs, nos politiciens actuels ? Est-ce la société elle-même ? Je n’y crois pas. Car notre société, elle ne demande qu’à changer. Elle ne s’aime pas comme elle est. Elle est brisée depuis toujours. Et puis de toute façon, c’est quoi « la société » ? C’est un mot inventé de toute pièce pour expliquer l’hypocrisie de ceux qui la forment. C’est si facile de se cacher derrière un concept pour justifier sa propre idéologie. C’est pas de ma faute, c’est la société dans laquelle on vit qui veut ça. La société impose ses mœurs. La société impose ses standards. Mais enfin, la société c’est vous ! C’est nous qui la constituons ! C’est toi, moi, ton voisin du dessous, ta tante Ginette et ton pote Matthieu. C’est tout le monde. C’est chacun d’entre nous. Donc la société, elle bouge, elle évolue, elle se change. Alors si on décide ensemble que l’amour va au-delà du genre, tout geste démonstratif de cet amour ne sera plus perçu comme un mal pour « la société ».


Et si on estime ensemble qu’une femme peut s’habiller comme elle veut, alors tant le crop top que la mode pudique d’H&M sera acceptée. Je parlais de violence tout à l’heure, mais la violence n’est pas que physique. Les mots sont d’une violence inimaginable. Le jugement d'autrui, les débats publics, les disputes domestiques... Trop souvent nous parlons plus rapidement que nous pensons, et le résultat fait mal pour notre interlocuteur ou pour ceux qui sont ciblés par les débats. Trop souvent nous ne pensons pas à l'impact d'un mot sur celui qui nous écoute. J’ose à peine revenir sur les propos de Mme Rossignol qui parle de "nègres américains qui étaient pour l'esclavagisme" et qui rabaisse la faculté d'opinion et de réflexion d'une femme tout en touchant à sa dignité et à sa liberté d'action. Ses propos sont d’une telle violence, c’est à peine croyable de la part d’une représentante d’un Etat laïque socialiste. Preuve qu’aujourd’hui tant le mot « socialiste » que « laïque » n’a plus de fond. Mais ça, c’est un autre débat. Tout me choque, tout me révolte dans cette France perdue dans ses débats puériles et ses convictions dépassées.




Outre la parole et les actes, la violence se retrouve également dans l’inaction. Oui, c’est violent de laisser des familles s’échouer en mer. C’est violent de refuser d’aider des humains fuyant l’horreur de la guerre. C’est violent d’affirmer qu’ils n’auront pas d’aide car... Pourquoi au juste ? Parce-qu'ils sont trop? Parce-que parmi les millions, une dizaine peut être des terroristes ? Parce-qu'ils bousculent notre quotidien de riche blanc privilégié? Parce-que nos problèmes économiques prévalent sur leur vie et leur dignité ? Hm. Comment peut-on dire qu’ils ont eu tort de fuir et qu’ils feraient mieux de rester se battre ? Comment des pays civilisés, développés et soit disant démocrates et unis peuvent déclarer fermer leurs portes à tant d’innocents condamnés ? Comment peut-on laisser les réfugiés s'entasser comme des animaux dans un endroit où on ne laisserait même pas notre propre chien dormir ? Comment peut-on les forcer à vivre dans ces conditions inhumaines ? L’inaction est violente. Elle fait mal à voir et j’ai du mal à réaliser que je suis témoin de cette misère sociale et politique.


Mais qui suis-je dans ce monde de géants ? Moi, petite campagnarde, fille d’une veuve employée, coincée entre son passé, sa douleur quotidienne et son envie folle de découvrir la planète pour espérer y trouver un coin de bonheur et de bien être. Comment puis-je faire entendre ma voix ? Pourquoi est-ce si compliqué de comprendre le fonctionnement du monde ? A partir de quand ai-je réalisé que mes questions n’obtiendraient aucune réponse ?



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