5 déc. 2016

'I Will Wait'

Pensée du jour.








Vous savez, j'aimerais écrire sur tant de sujets, et sur aucun à la fois, c'est très étrange. D'un côté tout me révolte, mais je ne peux pas faire des articles coup de gueule ; je n'ai pas forcément envie que le monde soit au courant de ma colère et de mon dégoût pour ce dernier. Et parallèlement, je ne peux pas toujours écrire sur un monde rose alors que je le vois gris foncé. Je ne peux pas écrire sur des DIY Halloween alors que je déteste la Toussaint. Je ne peux pas écrire sur ma tournée de festivals l'été car je travaille jusqu'au 31 août, soirées et weekends inclus. Je ne peux pas écrire sur la dernière appli car mon portable d'occasion a déjà du mal à supporter Messenger. Je ne sais pas comment orienter mes posts, et je ne sais pas comment me démarquer non plus. Alors je ne fais rien, ou pas grand chose. Au moins je n'échoue pas. C'est con, pourquoi je raisonne comme ça? C'est contre-productif, c'est illogique et c'est loin d'être formateur. En fin de compte, je m'en fous si je passe de 200 vues à 20 vues par article. On s'en fiche . L'important c'est d'oser, d'écrire ce que je veux et de parler de ce qui me plait, que ce soit de politique (coucou Hollande), d'estime de soi, de musique ou de voyages. J'ai toujours ce poids sur mes épaules et cette voix qui me rappelle en permanence que je suis inutile, mais si une personne lit mes posts, alors peut-être ne le suis-je pas tant que ça. Pour contrer mes idées noires, j'aimerais contribuer à la bonne humeur et aux petites attentions qui se propagent sur internet. Montrer que le monde n'est pas si moche que ce que les journaux laissent penser. Or ce n'est pas si facile que ça quand on a l'esprit aussi tordu que le mien.


Me voilà donc de retour face à une page blanche et des questionnements, un planning pour des futurs posts hebdomadaires et cinq brouillons entamés, destinés à être postés chaque lundi matin. Je progresse les gens, je progresse. Cela faisait déjà quelques semaines que j'avais repris la main sur oops, my mind, et ce dernier mois m'a confortée dans l'idée qu'écrire est le plus bel échappatoire.


Prague - Pont Charles - Janvier '16.



Pourtant, lundi dernier, je n'avais rien posté. Non, lundi dernier, j'enterrai ma grand-mère à la place. Et aussi difficile que cela fut, j'ai l'espoir de garder d'elle autre chose que son prénom - oui oui, ma mère a donné à sa fille le même prénom que sa mère. Sorry mum, mais je n'appellerai pas ma fille Monique. Je vais essayer de garder et de porter chaque jour son humilité, sa générosité, son altruisme, sa simplicité et sa bravoure.



Ce weekend, alors que j'étais entourée de toute ma famille, j'ai réalisé qu'on ne sait tous faire qu'une chose : attendre. Et moi tout particulièrement, je ne sais faire que ça. Attendre d’avoir le déclic, attendre de faire un stage pour avoir une révélation, attendre de trouver un sens à ma vie, attendre de trouver quelqu’un pour me comprendre, attendre le bon moment pour tout envoyer valser, attendre d’être aimée pour pouvoir m’aimer, attendre de toucher le fond pour réagir, attendre de connaitre la tristesse pour reconnaître le bonheur, attendre qu’on me prenne par la main, attendre d’être plus courageuse, attendre de devenir adulte pour agir différemment, attendre qu’un drame arrive pour se réveiller, attendre de perdre un proche pour se réunir, attendre demain pour commencer sa rédaction, attendre lundi pour débuter son régime, attendre le 1er janvier pour entamer un nouveau départ, attendre qu’il fasse 30 degré pour se baigner, attendre d’être mince pour porter une robe, attendre d’avoir de l’argent pour voyager, attendre d’avoir du temps pour travailler, attendre d’avoir de l’expérience pour postuler, attendre un attentat pour réaliser l’enfer du Moyen-Orient, attendre l’élection américaine pour comprendre la puissance du racisme, attendre la fin de la journée pour souffler, attendre l’heure du coucher pour pleurer, attendre de recevoir un message pour discuter, attendre une question pour s’exprimer, attendre la fin de ses études pour se considérer adulte, attendre la musique pour danser, attendre un sourire pour faire de même, attendre les vacances pour voyager, attendre, attendre, attendre. Et au fond, on attend tous d'arrêter d'attendre.

J’ai attendu d’être assez grande et mature pour oser poser certaines questions à ma grand-mère, mais Alzheimer ne m’a pas laissée attendre, car sa tête était déjà partie quand j’étais en âge de m’intéresser à son passé. Elle avait pourtant des tas d’histoires à raconter, des tas d’anecdotes sur la vie au siècle dernier, des tas de morales à partager, des tas de valeurs à répandre. Alors j'ai attendu pour rien.


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